UpSX
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
-45%
Le deal à ne pas rater :
PC Portable LG Gram 17″ Intel Evo Core i7 32 Go /1 To
1099.99 € 1999.99 €
Voir le deal

* Histoire qui n'a pas encore de nom*

Aller en bas

* Histoire qui n'a pas encore de nom* Empty * Histoire qui n'a pas encore de nom*

Message par Pascalfou Mar 23 Jan 2007 - 12:41

Chapitre 1: Si Dieu existe, j'espère qu'il a une excuse valable.




"PURPLE HAZE!!!!!! IS IN MY BRAIN!!!" s'écria Jimi Hendrix pour m'extirper de mon doux sommeil. 7h30 du matin...c'est dur la vie d'étudiant. Pas le choix de toute manière, je me lève et file aux chiottes. Après toute la toilette de rigueur, je quitte mon domicile pour une journée somme toute banale. Mais aujourd'hui j'ai la classe, j'ai mis un gilet en cachemire blanc malgré les risques du métier. Faut dire que tous les jours, je me fais chier à bifurquer sur Jissuis pour achever ma thèse en synthèse orga. Ma vie est plutôt banale, d'un naturel placide et neutre, je ne suis pas du genre à prendre des initiatives car je sais que d'autres en prendront à ma place. On me dit même démotivé de la vie, ce n'est pas tout à fait faux. Je dirais que j'ai un poil dans la main éternel, lorsque les autres sortent, je les suis, mais jamais je n'organise les plans. C'est aussi ce qu'on appelle l'effet mouton, mais j'assume tout à fait ce statut de branleur né. Côté potes, qui se ressemble s'assemble, dira t-on, le nihilisme fédère autant que la haine. Ce desintêret provient de la banalité de la vie, et du cycle d'un être humain normal. En gros c'est métro, boulot, dodo; on nait, on apprend, on grandit, on s'instruit, on se marie, on s'installe, puis on meurt, et on passe le flambeau à la progéniture. Ce cycle sans fin, c'est ce qui me fait peur, la continuité si précieuse au matheux c'est un peu ce qu'on cherche à briser. Côté boulot, je dirais que je suis un modèle de réussite, le mec qui en branle pas une mais qui majore l'amphi, un anti-exemple pour la majorité des gens, mais un vrai héros pour tous les gens expérimentés. En fait, j'assimile très vite, et très bien car l'empreinte mnémique laissée par les cours est quisi-indélébile. Ca va paraitre injuste, mais c'est comme ça. De plus, issu d'une famille de nobles, je n'ai jamais manqué de rien au cours de mon enfance. On me reproche d'ailleurs mes tenues vestimentaires trop ostentatoires (pourtant goutchi s'est banalisé), et mes thèses archaïques sur la morale.

Après un bref trajet de 15 minutes en métro (j'habite à 5 stations de Jissuis), j'atterris finalement au campus. Il fait très beau et chaud pour un mois de Janvier, c'est plutot mauvais signe selon mes propres superstitions.


La fac de Jissuis a été fondée par les montagnards en 1789, juste après la prise de la bastille, pour y héberger les futurs prisonniers politiques (les girondins). Après le retour de la monarchie, on ne sût que faire de ce batiment flambant neuf car tous les girondins étaient passés à la guillotine. En 1919, un certain monsieur Giuseppe Staelaïn racheta le complexe pour en faire un asile psychiatrique. Au bout de 5 ans d'activité, un scandale éclata, puisque dans le plus grand secret, on découvrit que tous les pseudo-fous internés, n'étaient en fait que des prisonniers politiques que des dictateurs venaient enfermer. Au début sains, les prisonniers devinrent alienés ,puis incontrolables. Un journaliste s'infiltra dans l'asile, et découvrit que les employés-tortionnaires s'amusaient à organiser des combats de fous (même principe que les combats de coqs mais avec des tarés qui se battent à coups d'entonnoirs). Le proprio s'enfuit et l'immeuble fût à nouveau condamné.En 1968, Jissuis devint le squat nationnal de tous les maoïstes contestataires. S'y déroulèrent les plus grosses orgies et beuveries du 20 ème siècle. C'est de là que fut tiré le nom de Jissuis (au début baptisé Jissuijireste), grande terre d'accueil pour tous les parias. Finalement excédé par tant de débauche, le gouvernement en place mis tout en oeuvre pour chasser les occupants. Ainsi, le matin du 22 juin 1969, 3000 CTF (compagnies de trouble-fête) chassèrent tous les occupants à coups de karcher et de déodorants.En 1975, un riche hurluberlu du nom de Piaré Cuiré racheta le tout pour un quignon de pain. Il en fît un paradis pour tous les paint-ballers de la planète. Au final, après 100 jours de combats incessants, l'architecture de Jissuis pris son aspect définitif, c'est à dire des locaux insalubres tachetés de couleurs multicolores et d'excréments à même les sols et murs. D'où une étrange sensation de phantasmagorie ludique, que l'on ressent particulièrement si l'on se balade près des tours 46 et 55. La femme de Piarré Cuiré, Môry Cuiré, docteuresse en toutologie, tira les oreilles de son mari, et fonda l'université de Piarré et Môry Cuiré, aujourd'hui devenue une illustre faculté experte en gériatrie et glandologie, et pouvant accueillir jusqu'à 70000 futurs chercheurs.


Revenons en à l'histoire. Malgré mes 10 minutes de retard habituelles, je décide d'aller boire un café au batiment P. Je prends toujours un café décaféïné sinon à la fréquence ou je les enchaine, je deviendrais déjà fou. En réalité, ce qui motive dans cette entreprise, c'est "ELLE". "Elle", est présente tous les matins à la même heure devant la machine à café. Elle a le regard éteint, mais celà n'enlève rien à son charme devastateur. Un visage d'ange, un séant à défroquer un moine, et une poitrine responsable de la guerre de Troie. Ce matin, elle est arrivée juste avant moi, elle fouille dans cette "horreur" qui lui sert de porte-monnaie (personne n'est parfait), tandis que je reluque son posterieur si majestueux. A ce moment là, elle se retourne, me scanne, et ouvre ses lèvres pour me demander...(là le temps se fige, et je fonds littéralement comme au point de fusion)... "aurais-tu la monnaie sur 100 euros?" avec un sourire enchanteur. Je balbutie, je rougis, et je doute. Elle m'a damné! Mais quelle question conne! mais qui peut se targuer d'avoir sur soi la monnaie sur 100 euros? finalement je me calme et lui rétorque "Non, désolé" en gardant mes commentaires pour moi. Bizarrement, elle ne parut pas déçue, mais même gênée de m'avoir posée une question aussi stupide. Une voix s'élève derrière moi: "A votre service mademoiselle!". Je me retourne, et un dandy black se dresse devant moi, il porte des binocles, une veste de couleur violette, un gilet blanc en dessous, un haut-de-forme à paillettes, et une canne. L'affreux s'approche de la femelle en détresse qui a les yeux qui brillent comme des pépites. Les 2 larrons effectuent leur transaction aux yeux de tous, et s'éloignent, oubliant même le dessein initial d' "Elle", c'est à dire le café. Là, je me dis qu'avec un kilo de caillasse dans la poche, je repartais avec une beauté bras dessus bras dessous; un peu dépité, je me venge sur mon cappucino brûlant, brûlant ma langue. 3 minutes plus tard, un quidam descend les marches, je le reconnais, il s'agit de Régald Nihache, mon acolyte de toujours. Pour mieux l'imaginer (je pense à vous lecteurs), Régald est un trublion infatigable, il a les yeux d'un fou, la coupe de cheveux d'un fou, l'attitude d'un fou, et pourtant, il est tout à fait sain d'esprit. Il mesure 1m89, fume un cigare par jour (deux les jours d'exam), se laisse pousser la barbe, a un sexe de mule. Côté fringue, c'est très classique, il a les mêmes fringues depuis ses 16 ans, cad pull-over moulant son buste de grec, et jean une taille en dessous. Il est actuellement en Master 2 d'astrophysique, mais il perdit 3 ans en prison après avoir essayé de faire passer de la cocaïne dans son estomac à la douane colombienne (erreur fatale). Le pochon éclata, et prit de convulsions, on le mit directement en prison, mais on le considère comme un miraculé aujourd'hui. Le problème de Régald, c'est qu'il n'a aucune limite, il essaye tout et n'importe quoi. Ultra-ouvert, et ultra-écclectique, il a été batteur dans un groupe de heavy metal, bouc émissaire dans un grand magasin, vendeur de marrons chauds, et contremaitre chez Danone.
-" SALUT MON CHUM!!!!!" s'écria t-il (il a toujours la mauvaise habitude de hurler quand il rencontre quelqu'un, même si la personne est à 30 cm de lui, et l'a déjà aperçu)
- "Régald!! quelle heureuse rencontre, ta présence inopinée inonde mon coeur de joie! Mais de grâce, que me vaut ta présence sous ces auspices si matinaux? ferais-tu l'école buissonière? Une telle attitude serait répréhensible (dis-je en rigolant)! comment- vas-tu sinon?" dis-je.
-"Bah, tu sais la méca cul, c'est trivial comme matière, je pense me réorienter en biochimie, les cours sont plus drôles (en fait Régald est un génie), et les filles plus poilues (chacun sa lubbie)".
- "Vis ta vie mon ami (je suis vraiment un mauvais compagnon). Comment va ta famille?"
-"Eh bien, mes filles vont bien (y en a 2), y en a une qui a dit son premier mot ce matin, grabouh! et ma femme va bien, elle est à nouveau enceinte."
-"c'est génial ça, tu dois être un pôpa comblé! j'espère que [...] n'est pas trop fatiguée par tes coups de pine incessants. Ca te fera des points de plus pour la bourse (à titre indicatif, Régald est le seul en france à avoir la bourse à échellon 6, créée spécialement pour lui)".
-"Oui, elle tient le coup, heureusement qu'elle aime les enfants (faudrait leur expliquer que la pilule ça existe)."
-"Je vais faire un tour en labo de chimie, tu viens avec moé? Mes collègues t'apprécient beaucoup."
-"Suffit! il n'y a pas besoin de demander."


Aussitôt dit, aussitôt fait, nous marchions sur le chemin coincé entre le batiment A (comme alchimie) et l'aberium (batiment futuriste en rupture avec le tout-Jissuis). On pouvait observer sur la droite, les étudiants de première année en train d'étudier pour leurs exams du lendemain. Pris de panique face à l'énormité du travail à accomplir, on en voyait qui craquaient (ceux qui s'enfuient en hurlant), et d'autres qui sanglotaient sur leur brouillon. le taux de réussite relatif aux examens de première année est de 3% en moyenne chaque année, ce qui est plutôt honorable comparé à la fac d'à côté, la saure-bônne, qui a fait 0,5% l'année dernière. Nous gravîmes les 245 marches qui nous menaient au 8 ème étage (secret) du batiment des chimistes. Une fois dans le cour, nous vîmes une jeune fille aux cheveux dorés et bouclés, en blouse marcher en notre direction. Elle portait un caisson plein d'ustensiles de chimie. Régald ne pût s'empêcher de me faire des remarques sur sa manière de se maquiller très typée péripathéticienne, et moi je ne pus m'empêcher de rigoler. Arrivée à 2 mètres de nous, le drame arriva. D'une gestuelle quasi-thêatrale, mais surtout magnifiquement décomposée, elle s'étala majestueusement sur toute la surface poncée après avoir glissé du haut de ses talons. Un énorme fracas déchira le silence morbide du couloir 8, et tout le contenu du fameux caisson qu'elle tenait se deversa sur mes baskets. Tout horrifié par un tel vacarme, je repris mes esprits, et aidai la pauvre laborantine à tout remettre dans le panier, heureusement il n'y eut pas de produits toxiques, juste un peu de verrerie, et autres ustensiles de chimie. Plus de peur que de mal. En temps normal gentleman dans l'âme, Régald était resté placide face à cette situation, plutôt inhabituel pour un homme aussi charmant. Boucle d'or nous remercia promptement, puis fila la larme à l'oeil. Etait-elle bouleversée par ce qui venait d'arriver? A-t'elle reconnu en Régald son père?
-"Tu es bizarre aujourd'hui." lui reprochai-je.
-" Grumpf" me rétorqua t'il.
Après 5 minutes de toilette dans les sanitaires mixtes du couloir, nous rejoignîmes enfin la salle 84, lieu de ma thèse et de mon équipe.
"KKKKKKKKKKKKKYYYYYYYYYYYYYYYYYAAAAAAAAAAAAAAA!!!!!!!!!!!!!!!!!"
Ce cri de crécelle venait de l'intérieur. Un jeune thésard métissé sortit en prenant les jambes à son coup.
...
Nous étions loin d'imaginer le pire.
Pascalfou
Pascalfou
JESUS contre-attaque
JESUS contre-attaque

Nombre de messages : 1603
Age : 39
Localisation : Dans ton CUL! Dans ton CULLLLLL!!! [message censuré]
Occupation : Futur connard à l'international
Loisirs : manger des musaraignes et des mulots
Date d'inscription : 13/10/2005

Revenir en haut Aller en bas

* Histoire qui n'a pas encore de nom* Empty Re: * Histoire qui n'a pas encore de nom*

Message par Pascalfou Jeu 4 Oct 2007 - 23:21

Chapitre 2 : la science des rêves




Le lendemain, l’inspecteur Kreja fut réveillé dès les premières lueurs du soleil par un appel (volume de niveau 5) de son coéquipier. Il décrocha, mais la tête encore dans le purin, il ne pût prononcer que ces quelques mots inaudibles :
-« Heïnnn ?? Kekiya ? Kesskicékim’apelaç’teurssi ? ? »
-« Kreja ramène ta fraise, on a un cadavre sur les bras. Tout frais, tout saignant, massacré avec une incroyable cruauté ! Il faut vraiment que tu viennes voir ça, et ne prend pas de petit dej’ sinon tes pompes vont prendre cher. Alors ramène-toi au campus de Jissuis, suis les badauds et tu arriveras à l’Aberium, ou qu’on a retrouvé le macchabée. Clic ! Tut- tuuutt ! »
Prenant la nouvelle comme si on lui annonçait beau-frère avait fait une attaque, il se rendormit illico presto tout en prenant le soin d’éteindre son appareil.

Malheureusement, une quarantaine de minutes plus tard, ce fut à son tour à son voisin de le déranger en jetant des encyclopédies sur son mur.
-« Réveille-toi mon chumie ! Tsé qu’y a ton môdit collègue qu’m’a appelé su’ mon cellulaire, et qu’m’a menacé d’enlever mon char si tu te rappliquais pas dans les 20 minutes ! » Dit le voisin canadien.
-« La ferme, Flanders ! »
-« Ben si c’est comme çô, j’vais appeler les pompiers ! »

Et quarante minutes plus tard, une hache s’abattit sur la porte de l’appartement de l’inspecteur, celle-ci ne tint guère et n’opposa aucun résistance lorsque les cinq hommes du feu ainsi que leur cochon renifleur de stupéfiants (une mesure du ministre de l’immigration) s’introduisirent dans les lieux en piétinant de leurs grosses semelles plombées les cadavres de bouteilles, ainsi que les jouets du bébé éparpillés dans la pièce. Kreja se réveilla en sursaut lorsque les forcenés s’infiltrèrent dans son plumard et le mirent en joue de leurs lances à incendie soutenues telles de glorieux gratte-ciels. Ils chantèrent en chœur « Lè-ve-toi mon bô ! Nous allons rendre le Québec souverain, et chasser tous ces maudits Rednecks de nos belles contrées enneigées ». Le chef des fanatiques se déshabilla partiellement dévoilant ses formes de femme-chef, et elle lui hurla en lui fourrant son gros orteil dans le palais : « Côôôôôôôlisse ! Tu vas te prosterner ? Où je te donne à souper à mon grizzli ! »

Terrorisé, Kreja (de son vrai prénom Benny) se fît dessus, ravala sa salive et hurla à la vue de cet immense ours brun vêtu d’une montre swatch qui fît une entrée tonitruante en débarquant sur un monocycle, lançant des cotillons par poignées.
-« Joyeux Hanoukka !!!!! Je vous souhaite un joyeux Hanoukka mes petits goys. Que Yahvé et Mazeltoff vous rendent fertiles et bestiaux au lit. »
Et aux autres larrons de s’y mettre en exécutant en synchronie des youyous d’une excellente qualité. La matrone offrit à Kreja une danse du ventre à défroquer un Dalaï-lama, et emporté par la cacophonie ambiante, il se mît à gesticuler (maladroitement), imitant ses danseurs favoris de pequenotonik. Le concerta se prolongea jusqu’à ce que le cochon flaireur de stup’ et de viande non-cachère s’écria : « Eeeeeeeeeeeeehhh les mecs, on a trop déconné ! C’est le carême aujourd’hui ! Il faut aller chercher Lazare à la gare ! ». Toute la pièce se vida en deux secondes, en fait c’était carrément les murs et le mobilier qui se faisait la malle comme aspiré par un trou noir. Kreja en profita pour quitter les doux bras de Morphée, réveillé par une fuite urinaire.

Tout n’était donc qu’un rêve à la con… mais le meurtre, lui, était bel et bien concret. Pour preuve le MMS obturateurisé (barb.) qu’il avait reçu de son collègue G.L (prononcez dji-elle). Il se leva donc, se brossa trois fois les dents, avala son mélange de héros œufs crus-lait-sucre, se rebrossa les dents, s’habilla, changea ses draps uréfiés, lit son MMS, vomit dans son salon en conséquence, passa la serpillière, se changea, reprit un petit déjeuner et sortit en oubliant de se laver les dents
Une fois dans le monte-charge, il tourna sa clé sur le panneau de contrôle afin d’accéder au niveau -2 de son parking, et enfourcha son espace. Pendant le long trajet, il eut de quoi cogiter un bon moment. Comment diantre, d’ordinaire d’une imagination très terre-à-terre, il eut pu (oui, il eut pu !) pondre une telle merveille de créativité dalienne ? La religion, ni le Canada n’étaient ses fers de lance pourtant, et encore moins les pompiers priapiques ou les animaux rhétoriciens. Mais quoi donc alors ?
L’heure n’était pas aux élucubrations, il fallait s’investir à fond dans cette histoire de meurtre. Au vu de la forme finale qu’avait pris la carcasse de la victime, il se dit qu’il fallait être sacrément siphonné pour s’acharner de telle manière sur ce morceau de chair froide. Il fallait avant tout planquer le mort avant que les médias ne s’emparent de l’affaire, car sinon les clichés de la victime trucidée ferait la une de tous les torchons à sensation. Malheureusement, G.L avait beau être un garçon très dévoué et ponctuel, il se révélait très loquace lorsqu’on se montrait avenant à son égard, surtout si le reporter en question était UNE journaliste (jolie de préférence).

Kreja (encore 4 minutes de trajet) a été élevé par sa famille dans la totale humilité. Et en effet, les Kreja ne se distinguaient pas par leur arrogance, ni leur sophisme, mais plutôt par leur modestie et leur discrétion que beaucoup louaient sans que cela ne les flatte. Cette éducation extrêmement stricte fit des récalcitrants, et deux des grands frères de Kreja furent ainsi déshérités et chassés de la demeure pour attitude désinvolte à l’encontre du progéniteur, « de la mauvaise graine » disait son père l’Ambassadeur. Malgré son haut poste, il se consacrait pleinement à ses « anges paumés », en organisant des soupes populaires dans l’anonymat le plus total avec l’aide de sa femme l’ex-célèbre actrice Romana de Mateousch.
-« Voyez-vous mon fils préféré, il y a deux catégories d’hommes sur cette terre, les uns et les autres. Les uns, majoritaires, sont des êtres envieux à la perpétuelle et chimérique recherche du bonheur tout du long de leur misérable vie. Ils ne se rendent pas compte que la félicité est à portée de main, et qu’elle ne manifeste pas forcément sous la forme de ticket de loterie gagnant, de bulletin de salaire mirobolant ou bien de femme docile. Donc, à force de vouloir de scruter l’horizon, on a tendance à oublier de remarquer que le gazon sous nos pieds. L’homme est ainsi, un bipède à l’ego démesuré qui recherche la gloire, la luxure et l’oisiveté, et qui passe à côtés de toutes les petites choses de la vie, trop stupide en son état, pour regarder sous ses pieds. Alors beaucoup meurent avant d’atteindre leurs rêves inaccessibles, ou bien deviennent frustrés face à l’immensité de la tache. Nous autres les Kreja, savons très bien que tout n’est pas aussi simple, ce qui explique notre enseignement si strict. La joie, nous l’avons trouvé ta mère et moi. Ce qui nous a uni c’est le don de sa personne à autrui, et le délaissement de tout ce confort matériel qui nous abrutit. Aujourd’hui nous vivons notre bonheur en en apportant à ceux qui en ont besoin. Tu vois, nous avions tout, richesse, célébrité, santé ; mais au fond ce qu’il nous fallait était simplissime, un sentiment trivial que beaucoup considèrent comme évident, mais que peu pratiquent : l’altruisme. Benny, je ne sais pas sous quelle forme se reflétera ton bonheur, mais j’espère sincèrement que tu le trouveras. Néanmoins, ne le cherche pas avec avidité, reste humble et modeste, suis le cours de la rivière tel le nénuphar insouciant.

L’inspecteur fondit en larmes au souvenir de son père qui, ce soir là, l’avait pour la première et unique fois tutoyé. Il s’essuya d’un revers de manche et passa la 4eme. Arrivé sur la rue Cubier, il s’arrêta en double file et bondit hors de sa caisse, prenant le soin de coller au pif du chauffeur parisien hurlant derrière lui, le canon de son desert eagle 0.5. (« Je SUIS la loi, alors tu la fermes, tu fais demi-tour, et tu me files un bonbon à la menthe car j’ai oublié de me brosser les dents »). Il s’introduisit dans le campus par le parking.

Même pas la peine de demander son chemin, l’Aberium était visible même pour une nonagénaire tchernobylienne. C’était un édifice avant-gardiste ou se regroupaient se jour-là les étudiants trop heureux de voir leur vulgaire ordinaire chamboulé par un fait divers atroce. Une flaque de vomi de junkie dans un bouge de Barbès autour de laquelle virevoltent les mouches pensa Kreja. Il y avait de quoi. L’architecte eut la bonne idée de faire les soldes au BHV et d’acheter des lots de pots de peinture désassortis, il peigna donc entièrement les salles de cours et les couloirs des étages en rose fluo, jaune flash, bleu azur, noir charbon. Malheureusement, cette idée ne plut pas à tout le monde (euphémisme). Suite aux nombreuses protestations d’étudiants, professeurs, personnel d’hygiène ainsi que la pétition pour la destruction de l’Aberium contenant 1230000 signatures de sympathisants aux victimes devenues épileptiques. Le directeur du campus s’inclina, mais rien n’y fit, l’architecte fit une grève de la faim et campa sur ses positions. Il se serait sûrement sacrifié face aux bulldozers, mais cet architecte illustre était le fils du premier ministre. Finalement, faute de budget, on maintint l’édifice en place, en le laissant à la merci des tagueurs et des sdf, et la contestation s’éteignit lentement. Aujourd’hui à l’abandon, le bâtiment n’est plus que l’ombre de lui-même, couleurs autrefois chatoyantes devenues ternes, murs délabrés, escalators H.S, toilettes condamnées, carreaux caillassés (donc brisés), PC de contrôle vétuste, personnel d’entretien inexistant. Le lieu restait néanmoins en activité, mais nul ne sut ce qui se tramait dans ses entrailles. En se promenant en son sein, on pouvait encore ressentir l’ancienne gloire passée de l’Aberium, cela 3 secondes avant de tourner de l’œil.


Se précipitant sur les marches du perron, Kreja gravit en trois foulées cette mini épreuve pour tomber nez à nez avec le très humide G.L qui salivait de désir face à une journaliste qui l’interviouvait. La situation fut ainsi posée : un policier lubrique au look de gothique en face d’une sublime femme haute comme trente pommes, armée d’un bloc-notes au tailleur impeccable et au séant expérimenté. L’inspecteur G.L répondit aux questions de la douce sans quitter des yeux son étalage un brin racoleur. Puis las de devoir attendre que la libido de son confrère s’estompe, il scanda son indignation à son encontre, et entendant la voix autoritaire du nouvel arrivant, la professionnelle compris qu’elle obtiendrait plus de cet individu venu du froid que de son interlocuteur devenu finalement très collant.
-« Commissaire !! Un crime affreux a été commis hier soir, avez-vous des pistes ? On dit que la police patauge dans la moule, euh pardon, la semoule. Est-il vrai que la victime avait des antécédents criminels ? On dit qu’il menait une double vie. » Questionna-t-elle de ses yeux dévisageant et de son sourire carnassier.
Gardant son professionnalisme, Kreja lui répondit :
-« Je ne suis que le médecin légiste, vous devriez demander au commissaire qui se trouve en bas du perron. » dit-il habilement en désignant du majeur un quidam en imper qui venait s’agglutiner avec la flicaille en bas des marches pour profiter de la vue contre-plongeante de l’entrejambe de la sirène qui portait une jupe, et d’autres ustensiles cachés fort pratiques pour convaincre son prochain.
Elle s’affaira en descendant les escaliers à toute allure, sa jupe se repliant et se raccourcissant au fur et à mesure de l’effort pour le plus grand bonheur de ses fans.
Malin comme un singe, Kreja s’introduisit furtivement dans le bâtiment avec son acolyte sans que celui-ci ait son mot à dire.

Une fois dans l’antre de la bête, pas le temps de souffler, deux larbins se précipitent vers les deux policiers en leur hurlant de monter à l’étage car ils sont méchamment à la bourre.
-« grouillez-vous, on attend que vous pour enlever le mort. »
-« filez-lui un sac à vomi, il en a encore dans le ventre » s’exclama G.L.

Une fois arrivé devant la salle de Lutèce, Kreja fut estomaqué, et il vomit sans avoir eu le temps d’avoir recours à son sac.
Pascalfou
Pascalfou
JESUS contre-attaque
JESUS contre-attaque

Nombre de messages : 1603
Age : 39
Localisation : Dans ton CUL! Dans ton CULLLLLL!!! [message censuré]
Occupation : Futur connard à l'international
Loisirs : manger des musaraignes et des mulots
Date d'inscription : 13/10/2005

Revenir en haut Aller en bas

* Histoire qui n'a pas encore de nom* Empty Re: * Histoire qui n'a pas encore de nom*

Message par Pascalfou Mar 12 Fév 2008 - 23:02

Chapitre 3 : Célaire de Poutrefer



Ses chaussures et son pantalon à pinces flambants neuf furent immaculés de liquide jaunâtre et basique qui n’étaient en fait que la bile de Kréja fraîchement régurgitée pour venir participer à la fête. En retombant, l’horrible flaque éclaboussa les deux policiers d’escorte qui n’avaient rien demandé, mais qui eurent la jugeote de ne pas pester devant un supérieur capable de les congédier sur un coup de tête. Kréja ne dit mot. Il se dirigea en silence vers la pièce du fond, mise en évidence par les bouts de scotch jaune fluo marqués « scène de crime » qui ornaient l’entrée. G.L se demanda ce qui avait bien pu rendre malade son ami…
Et il rejoignit à petites foulées son coéquipier qui semblait s’être tétanisé d’effroi, ou bien d’admiration.

La pièce était très spacieuse, elle accueillait une trentaine d’ordinateurs en libre-service aux étudiants. Un silence macabre prenait à sec les émotions de tout visiteur, et ce malgré le brouhaha de la dizaine de policiers légistes présents dans la scène. Les rideaux de la grande baie vitrée étaient tirés comme pour jeter un voile de pudeur sur cette situation si « intimiste ». Eparpillées dans tous les coins, des étiquettes numérotées pour répertorier toutes les pièces à conviction. A vrai dire il a fallu une bonne centaine pour n’en oublier aucune, il y en avait sur le sol, les écrans d’ordinateurs, les étagères, et même le plafond. Un peu comme si l’assassin avait voulu refaire la décoration de la salle en envoyant gicler sur les quatre murs les morceaux sanguinolents de sa victime. Kréja demanda ou se trouvait le cadavre, impossible à dénicher dans cette pièce immaculée. Un policier à l’humour plus que douteux lui répondit : « Un peu partout ! ». En réalité, le peu qui restait du tronc initial reposait par terre, caché par une commode. On ne pouvait plus distinguer une moindre once d’être humain que fut le macchabée dans cette flaque rouge insipide qui s’étalait devant leurs yeux. L’homme avait été comme passé au hachoir, toutes ses chairs avaient été ouvertes. Le visage n’était plus qu’une bouillie sanguinolente, les dents étaient éclatées, et les yeux arrachés. On s’était déchaîné sur cette pièce de viande refroidie comme si c’était le pire de nos cauchemars.
-« Un véritable travail de mioche. Et encore ; même un gosse n’aurait pas un boulot aussi remarquablement sale » fit remarquer la chef de l’équipe médico-légale, une belle rousse en blouse se prénommant Marguerite Constance.

-G.L :« Il faut dire que le tueur n’y est pas allé de main morte en effaçant toute l’identité du cadavre. Il va s’avérer très long et débectant de reconstituer ce foutu puzzle pour mettre un nom sur cette ignominie. Heureusement que je ne bosse pas dans votre équipe, hein Chef ? »
-Kréja : « Ca suffit G.L, arrête de taquiner la dame, tu ne vois pas qu’elle n’a pas que ça à foutre de t’entendre déblatérer tes âneries ? Mais dites-moi, cette clé USB reliée à l’ordinateur, était-elle là avant ? »
-Marguerite : « Oui, en effet, tout ce qui se trouve dans cette pièce est intact, nous l’avons laissé telle quelle dès notre arrivée… Mais que faites-vous ??? Il est interdit de toucher aux pièces à conviction avant l’expertise ! Mettez des gants au moins, Madre mia ! ».
Rien n’y fit, et Kréja s’était déjà mis à explorer les entrailles de la petite mémoire flash de la clé.

La fouille du disque fut succincte puisque que l’espace ne contenait que cinq articles scientifiques, un CV, un rendez-vous chez le notaire, une lettre de famille et un article de presse. On découvrit donc que la victime s’appelait Eugène Brégeot, professeur ès chimie organique, et maître de trois laboratoires de Jissuis.
-G.L :« Le genre de bonhomme archi-diplômé, et très respecté, mais qui a une tendance à traiter ses collaborateurs comme de la merde. »
-Kréja : « Okay ! ça marche, on connaît l’identité de la victime ! Ca mérite un bon café !»
-G.L : « Benny, les gars ont deux employés à te faire cuisiner. Ils sont les premiers témoins à avoir découvert le corps. Ils nous attendent dans la pièce d’en bas. »

Ils se dirigèrent donc hors de la scène de crime. G.L perdit son attention dans la contemplation d’une grande policière placée en faction dans la pièce et qui se tenait là, fière et les bras croisés, la casquette bien vissée sur son visage. On ne pouvait voir son regard, que l’on devinait dévastateur. Ce qui lui conférait un charme mystérieux qui émane des seules femmes fatales. Grand séducteur dans l’âme, G.L prit l’initiative d’aller s’enquérir de sa personne, et plus si affinités.
-G.L :« Bonjour, mademoiselle, on est nouvelle dans la brigade ? Je ne vous avais jamais vu dans les parages. »
La jeune femme ne se contenta que d’un sourire forcé pour réponse.
-G.L : « On est timide c’est ça ? Ne vous inquiétez pas, je ne mors pas. Puis-je néanmoins vous inviter à boire un verre après votre service mademoiselle ? »
La demoiselle en question ne lui accorda même pas un regard, lui tourna le dos, et se dirigea vers la sortie, l’air agacé.
« Bizarre cette fille… » Se dit Kréja. G.L, lui, était effondré. Jamais encore il n’avait subit un tel râteau de la part de la gente féminine. Son coéquipier le réconforta.

Ils partirent donc interroger les premiers témoins de l’affaire dans une pièce située au rez-de-chaussée de l’Abérium, qui servait d’ordinaire de salle de fête pour les pots de vernissage. Pour l’occasion, on transforma le lieu, en salle d’interrogatoire en ne laissant que le strict nécessaire : une table bancale et deux chaises au dossier inconfortable. Une jeune femme brune à l’air scandalisé mais interrogatif attendait là, assise modestement. Le gardien posté devant leur souffla qu’il s’agissait de la personne qui avait découvert le corps ce matin. Il leur remit un dossier contenant le casier judiciaire du témoin.
Elle vit entrer sans mot dire, deux types à la mine blasée de ceux qui ne sont pas à leur premier cas de meurtre. Le plus grand d’entre eux, un brun mal coiffé au visage candide qui contrastait avec le fier browning ostensiblement mis en avant à l’entre colure de son veston. Il s’assit devant elle. L’autre bonhomme à l’imper en cuir et aux yeux pétillants se dirigea en silence vers le comptoir où il se servit un verre de porto provenant d’une bouteille suspecte. Il siffla le verre d’un seul trait, et s’essuya la bouche d’un revers de manche (en cuir). Le grand s’assit en face d’elle, et la dévisagea d’un air désobligeant. Il se décida enfin à parler :
-Kréja : « Mademoiselle Ela Adawa, chef du personnel d’entretien de l’université de Jissuis depuis près de 8 mois, vous étiez en charge ce matin de l’ouverture et du nettoyage des salles de l’Aberium. Vous avez découvert le corps à 6h58 précises, et avez alarmé la police cinq minutes après. Etes-vous disposée à répondre à nos questions ? Sachez que cette conversation sera entièrement enregistrée sur ce petit magnétophone posé sur la table. »

Pour seule réponse, Ela lui lança un regard méprisant, racla sa gorge, et le fruit de ses amygdales finit sa course sur la belle bouille de Kréja. Totalement décontenancé par ce qui venait de lui arriver, il se frotta lentement le visage avec son mouchoir, et fronça ses sourcils. Il dit lentement à son collègue : « G.L, pourriez-vous s‘il vous plait nous laisser seuls, mademoiselle Adawa et moi-même quelques minutes ? ».

G.L fit les cent pas dans le couloir, et au bout d’une vingtaine de minutes de minutes, il vit Kréja sortir, le visage rayonnant, et tenant à la main un petit compte-rendu de l’interrogatoire.
Ela sortit de la salle en même temps que lui, elle paraissait comblée de joie. Elle remercia chaleureusement les deux inspecteurs, et Kréja estimant qu’ils n’avaient plus besoin d’elle, l’autorisa à s’en aller. « Merde, Kréja ! Comment t’as fait ce coup-ci ? C’est comme si elle te mangeait dans la main, alors que quelques minutes auparavant, elle te crachait un sglavios à la tronche ! ».
-« C’est facile, la nature humaine est tellement prévisible, on n’y lit dedans comme dans la flaque de vomi de saoulard. Cette fille en question possède un syndrome d’hystérie ponctuelle aggravée par une carence hormonale en œstrogène. Pour être plus clair, disons en gros que c’est une fille mal baisée qui a refoulé toutes ses névroses et ses déceptions, et à force de tout emmagasiner, le vase finit par déborder, et ce sont tous les gens autour d’elle qui en subissent les retombées. Forcément avec un métier si rabaissant vu son haut niveau d’études, ainsi que sa vie sentimentale sans cesse piétinée, il y avait frustration à avoir. Dans ce genre de cas, il faut toujours caresser la bête dans le sens du poil pour ne pas qu’elle s’enfuie. C’est donc ce que j’ai fait, et à force de volonté et d’intérêts, elle m’a considéré à juste titre comme personne de confiance, et elle s’est confiée à moi. C’est pourquoi, il m’a été facile de recueillir ces informations ! »
-« Kréja tu es un vrai génie ! Et que dit donc ce rapport ? »
-« Et bien en fait des banalités, elle a commencé son service à 6h30, est arrivée comme à son habitude la première, a ouvert les portes toutes fermées à clé, et est tombée sur le cadavre, sur le coup elle s’est évanouie, et s’est réveillée dix minutes plus tard, à 7h08 environ, elle a accouru alerter le chef de la sécurité en faction toute la nuit, et à 7h20, tout le périmètre était bloqué. Comme je te l’avais dit, des banalités, ça valait bien la peine que je couche avec elle pour qu’elle me raconte ces … »
-« QUUUUUUUUUUUUUUUOIIIIII ??????????? Tu m’as viré de la pièce pour te la taper salaud !!! Tu aurais pu me faire participer à la fête bordel, est-ce que t’as une excuse au moins hein ?? Eh ! Reviens quand je te parle ! »

Mais Kréja était déjà parti interroger le chef de la sécurité.
Pascalfou
Pascalfou
JESUS contre-attaque
JESUS contre-attaque

Nombre de messages : 1603
Age : 39
Localisation : Dans ton CUL! Dans ton CULLLLLL!!! [message censuré]
Occupation : Futur connard à l'international
Loisirs : manger des musaraignes et des mulots
Date d'inscription : 13/10/2005

Revenir en haut Aller en bas

* Histoire qui n'a pas encore de nom* Empty Re: * Histoire qui n'a pas encore de nom*

Message par Pascalfou Lun 8 Sep 2008 - 0:02

Chapitre 4 : L’interrogatoire



Le témoin suivant était un homme de petite taille qui avait les cheveux en pics, et des points noirs plein le visage. A voir son air très fier et son torse bombé, on aurait pu, avec beaucoup d’imagination, lui octroyer un passé d’aviateur ou de militaire, ou du moins de héros de guerre. Mais en réalité, son physique très « limité », suscitait l’interrogation chez ses interlocuteurs sur le bien-fondé de ses responsabilités de chef de la sécurité de l’Aberium. En effet, ses récits homériques, une fois narrés, ne convainquaient que le principal intéressé, c’est-à-dire lui-même. Ainsi, Guillaume Nasguier passait pour un gentil « con », un peu benêt, mais surtout très amusant, quoiqu’un peu agaçant car mythomane sur les bords. Cependant, de l’avis général, Nasguier était considéré comme un homme de confiance. Méticuleux et loyal, serviable, parfois bonne poire, il se pliait en quatre pour essayer de sauver la veuve et l’orphelin, ou sinon lorsque l’employée Ela lui demandait de récurer les toilettes à sa place.
C’était donc ce personnage peu banal que nos inspecteurs avaient devant eux. Il ne semblait pas impressionné, mais au contraire, il semblait même honoré de pouvoir aider la maréchaussée. Tant mieux se dit G.L. Mais, dès les premiers mots de Nasguier, il ne put s’empêcher de s’esclaffer quant à l’accent du nord faussement imité du gardien de nuit.
-Nasguier : « BôÔnjôur, m’sieurs les inspecteurs ! Qu’est-ce je puis faire pour vot’ service ? »
Contrairement à son collègue qui se mordait les lèvres pour ne exploser de rire, Kréja semblait être fait de marbre, il dit :
« Monsieur Nasguier, d’après les informations que l’on nous a communiqué vous étiez en charge de la surveillance du bâtiment la nuit dernière, et vous deviez être assisté de deux suppléants que l’on a réveillé chez eux ce matin ivres mort, alors qu’ils devaient être avec vous ici même. »
-« Euhh, oui c’est exact, en fait ils on quitté leur poste pour sortir en discothèque hier soir, et euhhh, ben ils m’ont laissé tout seul dans le bâtiment. Mais ce n’est pas grave, j’ai l’habitude, de toute façons je suis de taille à gérer tout seul c’t’endroit. »
-« D’ACCORD ! si je comprends bien, vous vous retrouvez donc sans alibi, et évidemment n’avez rien vu, ni n’êtes en mesure de nous expliquer comment ce meurtre a pu avoir lieu sous votre nez ! »
-« Mais euh, euh c’est pas ma faut’ »
-« Monsieur Nasguier !!!! Vous vous êtes foutu dans la merde vous-même en laissant filer vos subordonnées. Car maintenant, sans alibi et sans témoin, vous devenez le suspect numéro un ! Je pourrais vous faire coffrer d’un battement de cils, et vous envoyer pour le restant de vos jours à la pêche à la savonnette à la Santé. Alors vous avez intérêt à nous cracher EXACTEMENT tout ce que vous avez vu cette nuit, et dans les moindres détails. »
-« … »
-«Et je ne rigole pas ! »
-« Rooh, bon d’accord, j’vais tout vous expliquer, mais me cela rest’ entr’ nous hein ? Pas un mot aux potes de travail. »
-« Je vous écoute. »
-« Bon commençons par le début. Hier soir on a fermé les lieues avec mes collègues Lolo et Vany… »
-« A quelle heure exactement ? »
-« Bah, les salles ferment à 19h, alors les gens commencent à partir un quart d’heure avant, les employés d’bureaux partent à 19h20, et je ferme le bâtiment à 19h30 »
-« Avez-vous vérifié qu’il ne restait plus personne sur les lieues avant de boucler ? »
-« Oui, les employés signent sur c’te cahier (il leur montra le cahier) avant d’s’en aller. Une manièr’ de pointer comm’ on dit chez nous. J’ai vérifié que personne n’manquait à l’appel, comme chaque soir, et effectivement, il n’restait plus personne dans les lieues. »
-« Rien de particulier à signaler ce soir là ? »
-« Bah euh, rien à part que Vany et Lolo m’ont félicité pour mon professionnalisme et mon sérieux, et m’ont demandé pour faveur de garder la maison une petite heure après la fermeture, car ils avaient une course à faire. Mais en fait, je suppose qu’ils ont dû avoir un empêchement car ils ne sont pas revenus. »
-« Ils sont innocentés, on les a ramassé à la petite cuillère ce matin, et le patron de la discothèque assure qu’ils ont picolé toute la nuit durant avant de s’endormir dans les WC. » souffla G.L à son partenaire.
-« Rien d’autre à signaler ? »
-« Bah si justement, ce soir-là je lisais mon roman sur mon poste de contrôle, et vers 20h30, j’ai entendu un toc-toc à la porte d’entrée. J’ai vu monsieur Brégeot à travers les vitres, et je suis parti lui ouvrir. L’air très apeuré, il m’a raconté qu’en fait, il avait b’soin de bosser sur un des postes de Lutèce pour finir un boulot jusque tard dans la nuit, alors je l’ai laissé entrer, et j’lui ai donné les clés de la salle. Je peux avoir un verr’ d’eau ? »
-« Oui, buvez vite et continuez ! »
-« Merci, GloUuuu glou Glou… Je suis retourné à mon poste, et j’ai composé une tirade pour ma dulcinée, Leaettititia. Et puis sur les coups de 1h du matin, j’ai commencé à m’inquiéter pour mes camarades sortis plus tôt, ainsi qu’pour m’sieur Brégeot. Alors, j’ai commencé à appeler Vany sur son portable mais un inconnu à la voix caverneuse a répondu à sa place, et m’a dit que Vany était déjà parti loin, loin, loin. J’suis ensuite monté à l’étage pour me diriger vers salle Lutèce. La porte était fermée à clé, et on pouvait voir que la lumière était allumée à travers le dessous de la porte. J’ai donc frappé, et m’sieur Brégeot m’a répondu de l’autre côté qu’il avait encor’ beaucoup de boulot, et que cela durerait encor’ longtemps. »
-« Etiez-vous sûr que c’était bel et bien la victime qui parlait par derrière la porte ? Où du moins pouvez-vous me l’assurer ? »
-« Euhhh, oui j’suppose que c’tait lui. Oui, c’tait bien sa voix »
-« Dans ce cas là comment expliquez-vous qu’il se soit enfermé à double tour ? »
-« Bah, euh j’sais pô, p’tet que c’tait classé secret défense », petite blagounette que se permit Nasguier en ricanant dans sa barbe. La plaisanterie déplut à Kréja qui prit un air encore plus combre qu’à l’habituelle.
-« Une autre question : lorsque vous avez ouvert l’accès du bâtiment pour Monsieur Brégeot, avez-vous ensuite refermé à clé la porte du hall ?
-« Euh, oui, bien sûr ! »
-« En êtes vous vraiment certain M’sieur Nasguier ??? Pourriez-vous le mettre sur papier ? »
-« Oui, bien sûr, j’suis toujours fidèle à mon poste ! » dit-il en mimant de bomber fièrement le torse.
-« Une dernière chose, et je vous libère. Mlle Adawa affirme dans sa déposition que la porte d’entrée du hall n’était pas verrouillée à son arrivée, et qui plus est, elle vous a trouvé affalé sur votre siège, endormi. »
-« euh… Oui… en effet, je m’étais assoupi… Un petit moment d’égarement sans doute… ça peut arriver des fois, non ?.... non ? »
-« Ne vous inquiétez pas, ne nous reporterons pas ce fait à vos supérieurs »
-« Ouf ! Merci M’sieur »
-« Enfin, nous allons vous libérer Monsieur Nasguier, la dernière question : étiez-vous proche de la victime ? »
-« Euh non pas vraiment, je sais qu’il faisait des sciences, ou un truc comme ça, un truc d’intello quoi. Mais il s’est toujours montré courtois avec moi, même si nous n’avons jamais vraiment conversé».
-« Ah bon, vous n’avez même pas entendu parler de ses travaux sur La mesure de la polarisation des quarks étranges et des gluons dans le nucléon ? ».
-« Oh, vous savez, moi et la physique, ça fait deux ».
Kréja sourit s’un air satisfait, et ce pour la première fois depuis le début de l’interrogatoire.
-« Merci pour votre disponibilité. Ce sera tout pour tout aujourd’hui ».

Les deux inspecteurs quittèrent la salle d’interrogatoire. Cependant, Kréja plongé dans ses pensées, ne dit mot pendant les cinq minutes que dura leur marche. Ils sortirent du bâtiment qui était « collé » au campus. D’un aspect vétuste, le campus contrastait avec le parvis qui ressemblait à une galerie contemporaine avec ses sculptures avant-gardistes représentants des sujets scientifiques tels que la phagocytose, le champignon atomique, et les orbitales de Bohr.

Au sous-sol, ils arrivèrent dans une salle entièrement blanche mais à la peinture écaillée. D’ordinaire réservée aux étudiants syndiqués la salle de repos puait l’insouciance et le laxisme par son délabrement. Une ambiance de mort y régnait, le billard semblait dater de l’époque ou Jissuis n’était encore qu’un asile psychiatrique, mais ce qui frappait d’emblée était cet obsolète distributeur de nourriture qui était encore resté au franc, d’ailleurs les prix affichés dataient aussi d’une autre époque, de cette époque ou l’inflation était neurasthénique. Les deux compères prirent place sur des chaises désignées. G.L brisa le premier la glace.
-G.L : « Mais quel gland ce type ! Il pue la vanité rien qu’au regard. Encore une de ces petites bites qui parlent beaucoup, mais se rétractent dès qu’il y a vraiment de l’action. Si tu veux vraiment mon avis Kréja, ce type à pas les couilles pour commettre un tel meurtre nécessitant un réel sang-froid de tueur, et ce mec, il est du genre à tourner de l’œil en se coupant en se rasant. On est même pas sûrs de son témoignage en plus. »
-Kréja : « Oui, effectivement, les commentaires à son sujet ne sont pas flatteuses d’après les échos dont j’ai eu vent. Tire-au-flanc, grande gueule, irresponsable, gaffeur, vaniteux, on a pu s’en rendre compte en le questionnant. Néanmoins, je ne l’écarterais pas de la liste de suspects si j’étais toi. Le meurtrier a démontré qu’il avait non seulement du génie, mais surtout du talent, il peut très bien aussi se révéler un excellent comédien. »
-G.L : « Enfin, mon ami, ce type bosse à Jissuis depuis deux ans ! Et en deux ans, il a changé d’un iota ! Je trouve que tu prends trop cette affaire à cœur, Kréja, et je sais que tu vas t’en mordre les doigts. Mais laisse faire les scientifiques, ils sont là pour bosser à notre place. Ils vont te ratisser la scène du crime au peigne fin, et ils vont te chopper un coupable d’ici ce soir, tu verras. En attendant, nous, on peut retourner buller après avoir fait tapisserie. »
-Kréja : « Je connaissais la victime G.L »
-G.L : « Non sans dec’ ? Tu es un fan ou quoi ? »
-Kréja : « La vérité est que j’ai fait mes classes à Jissuis, et que M. Brégeot était mon professeur de thermochimie. »
-G.L : « Tu as fait des sciences toi ? Ben qu’est-ce que tu fous à la police ? »
-Kréja : « Après mes multiples mais vaines tentatives aux examens, c’est lui qui m’a finalement porté le coup de grâce en refusant de hisser ma moyenne jusqu’au panthéon des notes supérieures à 10, alors que je culminait à 9,95. L’enculé ! Il a brisé ma vocation de devenir chercheur… Au moins, ça m’a permis de me tourner vers les études de droit et de finalement devenir ce que je suis aujourd’hui. »
-G.L : « Eh oui, mais une vocation ratée quand même. »
-Kréja : « Bof, de toutes manières c’était pas gagné avec mes progéniteurs très portés sur les valeurs morales, et mes notes merdiques en sciences… Mais là n’est pas la question ! Si je suis aussi pointilleux sur le moindre indice aussi nanoscopique soit-il, c’est que le type auquel nous avons affaire est vraiment un pro. Ou bien, il n’en est pas à son premier coup et a de la bouteille, ou bien, il prépare machiavéliquement son crime depuis des années et des années. Dans ce cas-là, on aura vraiment du mal à le coincer, car ce type a plusieurs coups d’avance sur nous les flicards, et il faudra toute la meilleure volonté, et la chance aussi pour le trouver. C’est pourquoi je tiens à n’écarter AUCUNE piste aussi insignifiante soit-elle. »
-G.L : « Moi je trouve que tu te fais des films pour rien mon Benny, tu le glorifies alors qu’il a fait un boulot dégueulasse, indigne d’un criminel de ce rang, mais plutôt d’un amateur peu ou pas préparé. A l’heure qu’il est, il doit être en fuite, paniqué, et il se trahira avant de crier ouf, c’est à n’en pas douter. »
-Kréja : « L’avenir nous le dira, mais ce que je sais, c’est que tes petits copains scientifiques vont s’y péter les dents. Ils vont suivre les traces du petit poucet, et vont foncer droit dans le mur. Après avoir ramassé toutes leurs dents, ils viendront nous supplier à genoux afin de ne pas se retrouver au chômedu. Et vois-tu, ce cher Dr Constance, lorsqu’elle viendra me baiser les galoches avec son air de Madame Je-sais-tout, je la toiserai d’un air de pitié et lui ferai bouffer son orgueil à cette petite mijaurée et à tous ses ploucs de petits copains à lunettes. »
-G.L : « … »
-Kréja : « … »
-G.L : « Tu t’en remets toujours pas de ta rupture avec Meg, hein ? »
-Kréja : « Non, cette fois-ci c’est une véritable aversion contre la police scientifique que j’exprime là. Je n’ai que du mépris pour ces cuistres sortis de leurs grandes écoles de connards. En fait,… »
C’est le moment que choisit un jeune policier blond pour entrer dans la pièce sans même avoir la politesse de frapper.
-« Courrier pour M’sieur Kréja ! »
Après avoir remis la missive à l’inspecteur Kréja, il s’éloigna en faisant le moonwalk, et G.L se rendit compte qu’il avait des écouteurs vissés sur les tympans depuis le début. L’inspecteur vida le contenu de l’enveloppe, elle contenait une pochette plastique contenant une clé ensanglantée, et une lettre manuscrite. Kréja lu à haute voix la lettre signée de la main de Marguerite Constance.
« Inspecteur Kréja, après fouille approfondie des effets personnels de la victime, notre équipe a retrouvé cette clé dans la poche arrière du pantalon jean du cadavre. Cette pièce à conviction a été reconnue par le témoins Guillaume Nasguier comme lui appartenant, elle corrobore donc le témoignage dudit Nasguier confirmant avoir donné la clé à la victime peu avant sa mort. Veuillez ajouter cette pièce à conviction à votre rapport.
Cordialement

Dr. Marguerite Constance.
»

-Kréja : « Toujours aussi politiquement correcte cette Meg. En tout cas, les choses se compliquent mon ami. Si les témoignages de G.L et Ela sont véridiques, alors nous avons à faire à une affaire de meurtre en chambre close » .
Pascalfou
Pascalfou
JESUS contre-attaque
JESUS contre-attaque

Nombre de messages : 1603
Age : 39
Localisation : Dans ton CUL! Dans ton CULLLLLL!!! [message censuré]
Occupation : Futur connard à l'international
Loisirs : manger des musaraignes et des mulots
Date d'inscription : 13/10/2005

Revenir en haut Aller en bas

* Histoire qui n'a pas encore de nom* Empty Re: * Histoire qui n'a pas encore de nom*

Message par Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum